When the sun goes down | Apollon

Mortel

When the sun goes down

G

anymède était nerveux. Pas aussi nerveux que le premier jour ou il avait du servir à la table des Olympiens, sans avoir jamais, auparavant, eu à tenir un rôle similaire... Mais nerveux, tout de même. Il ne savait pas trop ce qui lui avait pris de dire oui à son patron. Cela faisait juste quelques semaines qu'ils avaient atterris sur cette étrange terre, mais heureusement il avait très vite trouvé un job comme barman, sans doute plus grâce à son joli minois que ses connaissances (il avait du apprendre une grande partie sur le tas, avec tous ces cocktails et ces alcools étranges qui n'existaient pas à son époque ni chez les dieux).

A croire que son patron avait craqué sur lui, ce qui n'était pas vraiment étonnant, Ganymède était habitué à faire cet effet un peu partout ou il allait, femmes ou hommes cherchant à lui faire des avances juste parce qu'il était beau. Pour le coup, son patron était persuadé que son nouveau barman ferait fureur, s'il allait rejoindre les gogo danseurs et danseuses... Plutôt récalcitrant, le plus si jeune homme avait d'abord refusé. Il n'avait jamais aimé être le centre de l'attention, vraiment pas, il était plutôt à l'aise tranquillement derrière son bar (à l'abri des mains baladeuses) alors ça lui allait très bien, même si le salaire était assez misérable. Il souriait à tout le monde, les écoutait parfois raconter leurs vies et lui faire parfois (souvent) des avances en faisant semblant de ne pas les comprendre -okay, parfois il ne les comprenait vraiment pas... personne n'osait se comporter comme ça avant, quand il était prince ou bien amant du roi des Dieux- et il préparait leurs boissons avec habileté.
Mais son patron avait insisté, soirs après soirs... Et en parlant de salaire, Hélène n'arrêtait pas de se plaindre de l'étroitesse de leur appartement. S'il se débrouillait bien, en une seule danse il aurait l'équivalent de plusieurs semaines de pourboire au bar ! Il n'était pas obligé de le faire à temps plein, juste quelques danses de temps en temps, tout du moins s'il arrivait à chauffer la salle... Chauffer... Pas vraiment quelque chose que Ganymède faisait volontairement, alors il ne savait pas du tout s'il serait à la hauteur. Mais son patron était vraiment buté, et jamais à court d'arguments. Alors il avait fini par dire oui, avec hésitation et des joues rougies à l'idée de ce qui l'attendait.

Si seulement ça avait été juste pour l'argent et faire plaisir à Hélène, qui était clairement malheureuse dans leur nouvel environnement... Mais non. Ganymède avait un autre but. Un objectif qui le faisait même dépasser sa timidité.

Le jour J, il arrive plus tôt à la discothèque, à un créneau horaire normalement réservé pour que les danseurs puissent s'échauffer ou s'entraîner. Avec un bras sur ses épaules, son bosse l'entraîne vers la loge des artistes ou un groupe d'hommes et de femmes attendaient.

Et parmi eux, un homme aux cheveux dorés comme le soleil, qui sortait du lot. Aussitôt, les yeux de Ganymède sont attirés vers lui, comme aimantés. Cette homme, qui n'en était pas un puisqu'il était un dieu. Ganymède déglutit, nerveux et profondément confus. Il n'allait pas très bien, depuis qu'ils étaient arrivés à Notre Terre, parce qu'il était assailli par des visions, des "souvenirs", de jour comme de nuit. Cela lui causait de grosses migraines, et des centaines de questions sans réponses. Le seul point commun à tout ça, c'était Apollon. Apollon qui dansait à la Citharède certain soirs... Gany n'est pas surpris, il est déjà au courant. Comment l'ignorer ? Quand Apollon monte sur scène, personne ne peut détourner le regard. Derrière son bar, Gany oubliait pourquoi il était payé, ignorait ses clients et ne pouvait s'empêcher de le dévorer des yeux tout le long.
S'il devenait danseur, alors il serait forcé de côtoyer le dieu. Ou plutôt, le dieu serait forcé de la côtoyer. Jusque là, il n'avait pas osé l'approcher. Maintenant, il n'aurait plus le choix...

« Pour ceux qui ne l'ont pas déjà remarqué, je vous présente un de nos nouveaux barmans, Gavriil. Gavriil à finalement accepté de performer de temps à autres. » « Ah, mais c'est de lui dont tu nous parles tous les soirs ? Wow, canon. » « Et jeune ! T'as l'air souple, en plus. » gloussent deux des danseuse avec des airs séducteurs, auquel Ganymède répond par un petit sourire embarrassé.

« Enchanté... Je suis Gan-Gavriil, comme il l'a déjà dit, mais vous pouvez m'appeller Gaby. Et, hm, je ne sais pas vraiment danser. » Ce qu'il déteste, devoir s'exprimer devant une foule... Il passe une main dans ses boucles brunes, nerveux, et détourne ses yeux d'Apollon. « Ah oui, j'oubliais. Phoebus, tu vas t'en occuper. Notre petit bleu n'a aucune expérience, il va falloir le former. » Wow, alors il ne s'attendait pas à ça, vraiment. Mais après tout, même s'il était lui aussi plutôt nouveau, Apollon était le meilleur performeur.

Ganymède à le cœur qui se met à battre encore plus vite, intérieurement enthousiasmé par cette occasion. Même si Apollon avait toujours été très froid avec lui sur l'Olympe, il n'avait jamais été menaçant, alors il n'est pas effrayé. Juste intimidé. Et pas du tout sur que ce soit une bonne idée. Mais... Il avait les réponses à ses questions. Il pourrait lui expliquer ce qui se passait avec sa tête et ses souvenirs.

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But I must explain to you how all this mistaken idea of denouncing pleasure and praising pain was born and I will give you a complete account of the system, and expound the actual teachings of the great explorer of the truth, the master-builder of human happiness. No one rejects, dislikes, or avoids pleasure itself, because it is pleasure, but because those who do not know how to pursue pleasure rationally encounter consequences that are extremely painful.

Apollon s’était adapté, comme il le pouvait, à la situation comme il le pouvait. Vivre parmi les mortels, ça ne l’enchantait. Il était Apollon, Olympien de son état, et l’un des plus puissants dieux qui pouvaient exister, et il en était réduit à travailler pour le compte des mortels, parce que le destin estimait que certains dieux ne remplissaient pas leurs devoirs, et avaient un peu trop tendance à se divertir, plutôt qu’à exercer leurs fonctions. Le dieu soleil avait certes toujours aimé la fête, et le divertissement, mais pas un seul jour le soleil ne s’était pas levé, et pas couché. Pas un seul jour il avait manqué à son devoir, et il ne supportait pas d’être injustement puni.

Sa seule consolation, c’était qu’il avait gardé tous ses pouvoirs. De ce qu’il savait, de quelques-uns de ses frères et sœurs, ce n’était pas le cas de tout le monde. Mais c’était un affront de moins qui lui avait été fait. Apollon n’était pas près d’oublier tout cela, et c’était une bonne chose pour celui qui avait fait cela, qu’il ne soit pas fait de chaire et de sang, ou Apollon n’aurait pas résisté à l’envie de maudire cette personne, au moins sur une centaine de générations. Rendez-vous compte, Apollon, forcé de travailler pour le compte d’un mortel, comme s’il était l’un de leur semblable… c’en était plus que dégradant…. C’était ce qu’il avait pensé, en premier lieu, mais les choses avaient changé, aujourd’hui. Le dieu avait ravalé sa frustration, et il avait réussi à se plaire, dans sa nouvelle vie. Evidemment, cela ne valait pas l’ancienne, et il n’avait qu’une hâte, c’était que les choses reviennent à la normale, mais pour le moment, il ne se plaignait pas. Il se plaignait moins plutôt, et il prenait son mal en patience.

Il s’était dégoté un travail qui lui allait à la perfection. Le jour, il posait pour des magazines. Habillé ou moins habillé, le dieu était plus versatile, et il n’avait aucune honte de son corps, bien au contraire. Et le soir, il dansait dans une boîte de nuit. Et il aimait ça. En même temps, il savait qu’il était parfait. Le plus bel homme qui puisse exister. Et ce n’était même pas de la prétention, c’était vrai. Il savait qu’il était une véritable œuvre d’art, il était la perfection incarnée, et il n’avait même pas besoin d’user de ses pouvoirs pour cela. Dès qu’il se mettait à se mouvoir, et à se dénuder, tous les regards se tournaient vers lui, sans le lâcher. Apollon aimait qu’on le regarde, qu’on le caresse des yeux, qu’on le désire… tout ce dont il méritait, au final. Certains clients, ou certaines clientes, donnaient gros, très gros pour avoir le privilège de terminer la nuit en privé, avec lui.

Apollon se plaisait à éveiller autant de passion et de désir chez les autres. Et cela ne lui déplaisait pas, de se dégoter de nouveaux amants, et de nouvelles amantes. Même si évidemment, il était assez regardant. L’argent était un plus, mais il ne couchait pas avec n’importe qui. Il lui fallait un minimum de charisme, il ne couchait pas avec les laiderons. Personne ne pourrait être aussi beau et parfait que lui, mais il devait être attiré par la personne. Il avait toujours eu un choix catastrophique en amour, mais en termes d’amants, il choisissait avec soin. Avachis sur le canapé, la chemise entrouverte sur son torse doré et musclé, sa jambe remontée sur les coussins, il fumait tranquillement sa cigarette, mais failli s’étouffer avec cette dernière quand son patron débarqua avec… Ganymède.

« Pour ceux qui ne l'ont pas déjà remarqué, je vous présente un de nos nouveaux barmans, Gavriil. Gavriil à finalement accepté de performer de temps à autres. » « Ah, mais c'est de lui dont tu nous parles tous les soirs ? Wow, canon. » « Et jeune ! T'as l'air souple, en plus. »
« Enchanté... Je suis Gan-Gavriil, comme il l'a déjà dit, mais vous pouvez m'appeller Gaby. Et, hm, je ne sais pas vraiment danser. »
« Ah oui, j'oubliais. Phoebus, tu vas t'en occuper. Notre petit bleu n'a aucune expérience, il va falloir le former. »

C’était une blague ou quoi ? Evidemment, il savait que l’ancien échanson travaillait ici, mais Apollon avait toujours pris le soin de l’ignorer. Non pas qu’il le détestait, mais sa présence l’avait toujours fait souffrir sur l’Olympe, cela n’était pas différent ici. Bien sûr, il était retombé amoureux après Ganymède, des amours qui s’étaient très mal finies évidemment, mais il n’avait jamais oublié le troyen pour autant. Il avait toujours fait en sorte d’avoir le moins de contact avec ce dernier, faisait tout pour ne jamais se retrouver seul avec. Pour que son enculé de père lui foute la paix dans un premier temps, et ensuite, parce qu’il avait trop envie de le prendre dans ses bras, de l’embrasser et de lui dire qu’il l’aimait quand il l’avait face à lui. Mais malgré tout, Apollon lui en voulait, de l’avoir oublié, de ne pas lui avoir prouvé que leur amour était plus fort que ça. Apollon y avait cru, avec véhémence, mais son cœur s’était brisé comme toujours. Il toisa Ganymède avec un regard méprisant puis fixa son « patron ».

« C’est une blague ? Tu m’as pris pour une nourrice ou quoi ? Forme le toi-même ou refile-le à quelqu’un d’autre, j’ai pas que ça à foutre. »

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anymède reste pantois devant la réaction.... Il ne s'attendait pas à un tel mépris, dans son regard, dans ses paroles... Bien sur, il avait toujours su qu'Apollon ne l'aimait pas, sur l'Olympe. Cela se voyait de loin, il tolérait à peine de passer près de lui, encore moins de le regarder. D'ailleurs, le prince n'avait jamais compris d'ou venait cette animosité gratuite. Il ne pensait pas avoir rien fait pour vexer ou insulter le dieu, au contraire, il lui avait toujours voué un culte fervent, quand il était sur terre... Mais depuis qu'il avait tous ces flashs déroutants... Il se disait qu'il y avait peut-être une autre raison. Mais dans l'état actuel, il n'était vraiment pas capable de comprendre pourquoi exactement : Ganymède était complètement épuisé, il dormait à peine ou le peu de sommeil qu'il avait été hanté par des rêves plus que réels... Toutes les nuits, sans exceptions.

Il ne savait plus quoi faire. Mais Apollon semblait absolument outré et... ça lui fait de la peine. Plus qu'il ne l'aurait du, sans doute. Ses sentiments étaient aussi confus que son esprit.

Ganymède fait un pas en avant vers le charismatique dieu, quasi allongé sur son canapé, avec une noblesse qui lui coupait toujours autant le souffle. Le visage ouvert, sincère, avec une pointe nerveuse dans la voix : « Je promet que je ne serais pas un fardeau... J'apprend vite. Je ferais de mon mieux. Donne moi une chance, s'il te plaît.. » Il n'arrive pas à soutenir son regard brûlant comme le soleil, détourne rapidement les yeux, intimidé. Il voulait simplement pouvoir passer du temps avec lui et... L'occasion donnée inconsciemment par leur patron était parfaite. Ganymède était pourtant tout sauf opportuniste, il ne s'imposerait jamais à Apollon s'il ne voulait pas. Mais il devait essayer. Au moins un peu.

Il ne pouvait pas s'effacer cette fois.

« Je te rappelle que c'est moi le patron, Phoebus, alors tu vas faire ce que je dit. Allez- » Il donne une petite claque sur les fesses de Ganymède qui sursaute, mais ne dit rien, mortifié, et regarde bien droit devant lui pour ne pas révéler sa gêne (il allait bien devoir s'habituer, s'il devait danser devant tous les clients -la nudité ne le dérangeait pas, mais les contacts physiques, un peu plus). Que son amant le fasse, oui, mais quelqu'un d'autre... « Tout le monde dehors, sauf Phoebus et Gavriil, quand vous aurez fait connaissance tu l'emmène s'entraîner dans la salle numéro 3. Et que ça saute. »

Rapidement les danseurs commencent à sortir de la pièce pour aller se préparer ailleurs. Finalement, le dieu n'avait pas le choix. Et Ganymède avait comme l'impression que ça allait encore plus le mettre en colère...

« Désolé... Glorieux Apollon... » souffle-t-il d'une petite voix lorsque la porte se referme avec le patron, les laissant seuls. Pour la toute première fois depuis.... Il réalisait qu'il n'avait jamais été seul avec le dieux prophète, sauf dans toutes ces visions... Il ferme les yeux et se masse les tempes en retenant un gémissement de douleur quand de nouvelles images envahissent son esprit en trop grand nombre... Encore et encore. Il n'en pouvait plus, de tout ça. Il voulait juste comprendre...

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But I must explain to you how all this mistaken idea of denouncing pleasure and praising pain was born and I will give you a complete account of the system, and expound the actual teachings of the great explorer of the truth, the master-builder of human happiness. No one rejects, dislikes, or avoids pleasure itself, because it is pleasure, but because those who do not know how to pursue pleasure rationally encounter consequences that are extremely painful.

Apollon était énervé. Ce qui était plus que normal. Il ne montrait qu’un soupçon de sa colère en cet instant précis, parce que ce n’était pas tant contre Ganymède qu’il était énervé, mais aussi contre lui-même, contre le destin contre tout et tout le monde. Même dans cette nouvelle vie, à laquelle Apollon tentait de se faire, et de s’habituer, on lui collait Ganymède dans les pattes. Une preuve de ses échecs amoureux, comme si on voulait lui marteler l’esprit qu’il ne pourrait jamais être heureux en amour. Même Aphrodite ne pouvait rien pour lui, à ce niveau-là. A croire qu’il avait été maudit à sa naissance, mais il avait interrogé tout le monde autour de lui, on lui avait assuré que ce n’était pas le cas… il savait que les dieux n’étaient pas fiables, mais il les croyait pour cela. Il avait même usé de ses pouvoirs prophétiques pour voir son propre avenir amoureux, mais il s’était retrouvé face à un blanc total. Et d’avoir Ganymède juste en face de lui, ranimait toujours autant la blessure de son cœur. Même après toutes ces années, tous ces siècles…

« Je promet que je ne serais pas un fardeau... J'apprend vite. Je ferais de mon mieux. Donne moi une chance, s'il te plaît.. »

Apollon ne répondit rien, il se contenta de serrer un peu les dents. Il était déjà un fardeau. Un fardeau qui pesait douloureusement sur son cœur. Apollon refusa de le regarder trop longtemps, voulant s’épargner cette souffrance. Il ne savait vraiment pas ce qu’il avait fait pour mériter pareil traitement, pareille épreuve, mais il commençait vraiment à en être lassé, et il ne souhaitait que cela s’arrête. Il y avait probablement où il allait finir par devenir complètement fou, avec tous ces chagrins d’amour, plus durs les uns que les autres dont il peinait chaque fois à se remettre, et dont tout le monde se moquait en général, parce qu’Apollon finissait toujours le cœur brisé, mais il avait l’idiotie de retomber amoureux à chaque fois. Comme s’il choisissait de l’être…

« Je te rappelle que c'est moi le patron, Phoebus, alors tu vas faire ce que je dit. Allez- Tout le monde dehors, sauf Phoebus et Gavriil, quand vous aurez fait connaissance tu l'emmène s'entraîner dans la salle numéro 3. Et que ça saute. »

Il jaugea son interlocuteur d’un regard mauvais. Plus cela allait, et plus il lui courrait sur le système celui-là. S’il savait à qui il s’adressait, il ramperait probablement pour lui baiser les pieds et implorer sa clémence et son pardon. Un jour, Apollon se vengerait de tous les affronts qui lui avaient été faits, mais pour le moment, cet homme lui était utile, alors il le laissait continuer son petit manège. Jusqu’au jour où le dieu en aurait assez.

« Désolé... Glorieux Apollon... »

Le dieu jeta un coup d’œil à Ganymède. Il se demandait bien, de quoi il pouvait être désolé. Mais cela importait peu au blond. Il n’attendait pas ses excuses, il n’attendait rien de lui. Ou plutôt, il s’efforçait de ne rien attendre de lui, mais c’était loin d’être simple. Quoiqu’il en soit, il était clair et net qu’il ne lui apprendrait pas à danser. C’était beaucoup trop lui en demander, pour le coup, et il n’était pas prêt à faire des concessions. Loin de là.

« Epargne-toi les politesses. Et je suis navré de te l’apprendre, mais tu vas devoir te trouver un autre formateur. Demande donc à ton amant, je suis certain qu’il sera ravi de t’enseigner ces choses-là. Il t’a déjà tellement appris. Et puis tu es tellement pâle… si c’est pour que tu t’évanouisses dans les prochaines minutes, ce n’est vraiment pas nécessaire. »

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e n'était pas juste une politesse, Ganymède était sincèrement désolé, de la situation dans laquelle le puissant dieu se trouvait. Forcé à vivre parmi les mortels, à les servir, les distraire... Il compatis à ce sort : il n'était pas non plus très facile pour lui, de s'habituer à tous ces changements, mais au moins il était mortel, il n'était pas en territoire entièrement inconnu. Apollon, c'était une autre histoire.

Mais il réalise que ce n'est pas le moment d'exprimer ses pensées. Que, de toute façon, ça n'intéresserait pas Apollon... Et puis il avait autre chose à penser, et à régler...

La seule raison pour laquelle il reste debout, c'est parce qu'il ne ferait jamais l'affront à un dieu de s'asseoir devant lui sans y être invité. Prince ou non, il n'était qu'un humble serviteur, un dévoué qui se savait infime et chanceux d'avoir pu les côtoyer autant... Mais il était loin d'être leurs égaux. Il était le seul mortel à avoir été sur l'Olympe, et était loin d'en avoir pris la grosse tête. Bien au contraire.

Alors Ganymède reste debout et rouvre ses yeux fatigués et confus.

« Je n'ai pas revu Zeus depuis que nous sommes arrivés ici. » il avoue avec une voix basse, craignant un peu que prononcer son nom n'attire le roi des dieux. Ganymède ne pensait pas qu'il le laisserait seul, s'il savait ou il était. Or le prince aimait bien son nouveau mode de vie. Il appréciait, de vivre ave Hélène, d'avoir un peu d'indépendance... Il ne voulait pas paraître ingrat mais, il ressentait le besoin de rester loin de lui au moins un moment... Le temps de comprendre ce qui arrivait avec sa tête.

« Si je suis épuisé c'est.. J'ai des sortes de visions, constamment. Le jour, la nuit. Je ne dors plus. Mais... Ce ne sont pas des visions du futur... C'est le passé... » Ganymède réalise qu'il doit sembler complètement fou, au dieu Soleil. Il lui lance un regard plein d'incertitude et d'espoir... Il ne sait pas ce qu'il attend mais... Si c'est vrai alors ce qu'il ressent aussi... « Je crois ? Tu es le seul à pouvoir m'aider... Je crois que je deviens fou. »

Ganymède ouvre nerveusement les boutons du col de sa chemise, histoire de pouvoir respirer un peu mieux. Le jeune mortel hésité à continuer, mais il y a trop sur son cœur, trop de mystères, et s'il y a un dieu qui peut l'aider, c'est bien celui qui lui fait face, et qu'il à peine regarder en face.

« Je me souviens que nous avons déjà dansés ensembles. Sous le soleil de Dardanie, au son de flûte d'un berger, alors que tu étais déguisé comme un mortel. Tu as pris ma main et m'a entraîné contre toi. Nous rions et... Et je m'en souviens, comme si c'était vrai... Dans l'engouement, je suis tombé et j'ai écorché mon genou... Tu t'es agenouillé près de moi et tu as posé ta paume sur ma peau... J'ai ressenti de la chaleur et... La blessure avait disparu... S'il te plaît, si tu sais ce qu'il m'arrive, je t'en prie brillant Apollon, j'ai besoin que tu m'explique... »

Et ce n'était qu'une seule vision parmi tant, tant d'autres ! Le regarde de Ganymède est maintenant suppliant, sa détresse bien visible maintenant qu'il a laissé tomber son sourire.

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Apollon se leva pour aller se servir une bière. C’était une boisson à laquelle il s’était habitué, même si ce n’était pas aussi bon que le vin… mais au moins, en bossant ici, ils avaient le droit aux bières à volonté. Il avait besoin de s’occuper les mains. De regarder quelque chose d’autre que Ganymède. Il avait toujours fait en sorte d’éviter de se retrouver en face de lui, et maintenant que c’était le cas, il se sentait un peu gêné, mais il n’en montrait rien.

Il n’avait aucune envie d’apprendre quoique ce soit à Ganymède, encore moins à danser pour des types qui voudront le mettre dans leur lit. Apollon avait dépassé le stade de la jalousie depuis un moment, parce que cela faisait tout de même des millénaires qu’on lui avait enlevé Ganymède, mais ce n’est pas pour autant qu’il avait envie de le voir se trémousser à moitié nu de manière suggestive et provocante. D’autant plus qu’il doutait que le paternel apprécie cela.

« Je n'ai pas revu Zeus depuis que nous sommes arrivés ici. »

Apollon ne répondit pas. Il ne savait pas si c’était la vérité, mais en même temps, Ganymède n’avait aucune raison de lui mentir. Il trouvait cela bizarre, que Zeus ait choisi de lui lâcher la grappe, lui qui avait toujours considéré Ganymède comme son jouet personnel, et indispensable… Peut-être que Zeus ignorait tout de l’endroit où Ganymède se trouvait, et peut-être que le jeune homme ne voulait pas être retrouvé… mais en des millénaires de compagnie, il aurait pensé que Ganymède l’aurait aimé. Mais il n’en savait rien, au final, il ne s’était jamais mêlé de cette histoire, et il ne voulait toujours pas s’en mêler.

« Si je suis épuisé c'est.. J'ai des sortes de visions, constamment. Le jour, la nuit. Je ne dors plus. Mais... Ce ne sont pas des visions du futur... C'est le passé... Je crois ? Tu es le seul à pouvoir m'aider... Je crois que je deviens fou. »

Le dieu releva un fin sourcil, un peu surpris. Des visions du passé ? Qu’est-ce que cela était censé signifier… effectivement, en tant que dieu des prophéties, Apollon pourrait peut-être l’aider. Mais il ne comprenait pas grand-chose à son histoire, Ganymède n’avait jamais été doté de dons d’oracle, et ils ne se gagnaient pas comme ça. Surtout que c’était en général lui qui en faisait cadeau, mais vu que les pouvoirs étaient complètement chamboulés…

« Je me souviens que nous avons déjà dansés ensembles. Sous le soleil de Dardanie, au son de flûte d'un berger, alors que tu étais déguisé comme un mortel. Tu as pris ma main et m'a entraîné contre toi. Nous rions et... Et je m'en souviens, comme si c'était vrai... Dans l'engouement, je suis tombé et j'ai écorché mon genou... Tu t'es agenouillé près de moi et tu as posé ta paume sur ma peau... J'ai ressenti de la chaleur et... La blessure avait disparu... S'il te plaît, si tu sais ce qu'il m'arrive, je t'en prie brillant Apollon, j'ai besoin que tu m'explique... »

Apollon le fixa, complètement décontenancé. Il ne savait pas quoi lui dire. Il ne s’attendait pas du tout à quelque chose de ce genre. Tout ceci… s’était passé. Apollon s’en souvenait encore, mais Ganymède ne devrait pas s’en souvenir. Il aurait du tout oublier, il avait tout oublié. Mais encore une fois, la magie faisait des siennes, ces derniers temps. Mnémosyme, cette traitresse, avait peut-être perdu ses pouvoirs, alors il était possible que les souvenirs de Ganymède refassent surface.

« C’est… ce sont effectivement, des faits réels. Qui se sont passés, avant ton arrivée sur l’Olympe. Mais… tu es censé avoir oublié tout cela. Zeus a pris soin de t’effacer la mémoire, en partie. Tout ce qui me concernait… nous concernait. »

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anymède à vraiment peur de ce que va lui répondre le dieu. Au moins, il est certain qu'il ne voit pas l'avenir (même si il n'aurait rien à redire, à ce que cela se réalise, tous ces baisers, ces étreintes sensuelles ou non, avec Apollon -il sait que c'est mal, puisqu'il est avec Zeus, mais son cœur bat plus vite, quand il pense à toutes ces possibilités).

« C’est… ce sont effectivement, des faits réels. Qui se sont passés, avant ton arrivée sur l’Olympe. Mais… tu es censé avoir oublié tout cela. Zeus a pris soin de t’effacer la mémoire, en partie. Tout ce qui me concernait… nous concernait. »

« Je.. Oh... » Ganymède ne sait pas quoi dire. Pas comment le dire. C'était tellement inattendu... Comment étais-ce possible, qu'il ait tout oublié ? Qu'il ait passé ces millénaires à côtoyer Apollon sans que rien ne lui revienne ? Il s'était bien surpris plus d'une fois, à regarder le fils de son ami avec trop d'insistance, à se languir avec une étrange mélancolie, une boule au ventre, lorsqu'il le regardait... Mais il pensait simplement que c'était du désir charnel, qu'il avait toujours tu et étouffé, car il ne voulait pas être infidèle à Zeus, même par la pensée.

Mais au final... Ce n'était pas Zeus qu'il trompait... C'était Apollon...?

« J'étais ton amant... Pas le sien... » Désemparé, le jeune prince trompé s'adosse contre le mur, les membres un peu tremblants. « Comment a-t-il pu -pardon je le sais. Il est le Roi. » Le Roi des Dieux pouvait tout se permettre. Même quand on lui disait non, ce qui était bien rare, il prenait ce qu'il voulait, qu'importe les méthode. C'était ainsi. Ganymède ne le lui avait jamais reproché. Il avait toujours été compréhensif, avait toujours soutenu son amant sans hésiter. Et en échange, Zeus l'avait toujours traité comme s'il était le plus important, le plus précieux.

Mais Zeus était un menteur.
Il aurait du douter de ce que lui disait Apollon, mais le Dieu Soleil lui inspirait confiance. Etrangement, Ganymède le croit sur le champs. Cela expliquait ses "visions". Et... Ses sentiments confus...

Soudain les larmes lui montent aux yeux, lorsqu'il réalise ce qu'Apollon avait du endurer, à cause de lui. Comme toujours, Ganymède pensait aux autres avant lui même. Timidement il s'approche de lui et s'agenouille sur le sol avant de se pencher en avant jusqu'à poser son front par terre. Prostré et suppliant, il lui demande pardon.

« Je suis... Je suis tellement désolé... Pour toute la souffrance... Pour ma trahison. »

Il ne retient plus ses larmes. Ganymède est trop confus et blessé par cette révélation pour savoir ce qu'il ressent exactement pour les deux Olympiens, mais sa seule pensée à l'instant est d'imaginer une vie forcé de voir celui qu'il aime dans les bras d'un autre, sans qu'il s'en souvienne. Il ne l'aurait pas supporté.

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Apollon ne savait pas vraiment quoi penser de tout cela. Il était… perplexe. Si Ganymède se souvenait de leur passé, évidemment, les choses seraient différentes, et en même temps, pas tellement. Il se rappellerait, mais leurs situations resteraient exactement les mêmes. En aucun cas, ils ne pourraient reprendre leur relation, là où ils l’avaient laissée. Apollon en serait incapable, pas comme ça. Il l’avait évité pendant tant de temps, il ne pouvait pas tout oublier comme ça. Comme s’il n’avait jamais souffert, comme s’il n’avait jamais dû apprendre à vivre sans lui, alors qu’il était si proche, et dans les bras d’un autre. C’était impossible.

« Je.. Oh... »

Le dieu de la poésie ne rajouta rien. Il n’y avait rien à ajouter, il le laissait simplement digérer l’information… du mieux qu’il le pouvait. Peut-être qu’il ne le croirait pas, c’était possible, après tout. Evidemment, l’Olympien s’en sentirait vexé, mais il ne pourrait pas tellement le lui reprocher, même si, il préfèrerait que Ganymède lui fasse aveuglément confiance. Mais ils étaient presque des étrangers l’un pour l’autre, depuis que Zeus lui avait fait tout oublier, alors il ne fallait probablement pas trop espérer du jeune homme.

« J'étais ton amant... Pas le sien... Comment a-t-il pu -pardon je le sais. Il est le Roi. »

Tu parles d’un roi… Apollon avait du mal à le considérer comme tel depuis cet incident, et il avait toujours limité ses entrevues avec son père au strict minimum, n’ayant aucune envie de s’infliger sa présence. Lui qui ne se souciait que de lui-même et qui n’avait aucune considération pour autrui, encore moins pour ses enfants, Apollon ne voyait pas pourquoi il devrait lui faire bénéficier de sa présence. Il ne lui avait jamais pardonné, et il ne lui pardonnerait probablement jamais. C’était tout bonnement hors de question. Zeus était puissant. Oui, mais Apollon ne ramperait jamais à ses pieds, c’était quelque chose de totalement certain.

« Je suis... Je suis tellement désolé... Pour toute la souffrance... Pour ma trahison. »

Apollon regarda l’ancien berger se prosterner contre lui. Il lui demandait pardon… Apollon devait bien admettre que c’était des excuses qu’il appréciait, mais elles arrivaient tard. Bien trop tard. Il ne pouvait pas tout pardonner, même s’il était beaucoup moins en colère contre Ganymède que contre Zeus. Et d’ailleurs, sa colère envers le mortel était probablement malvenue, puisqu’il n’avait pas décidé de cette situation. Mais entre toutes les déclarations d’amour que le jeune éphèbe lui avait fait, Apollon aurait voulu croire que son cœur aurait été plus fort, et qu’il se serait souvenu de lui, même si on essayait de lui faire oublier son existence. Mais cela n’avait pas été le cas.

« Relève toi. C’était il y a maintenant… bien des années. Trop sans doute pour pouvoir les compter. Même si j’apprécie tes excuses, les choses sont ce qu’elles sont à présent, et nul ne saura les changer. J’aurai… espéré que tu sois plus fort que cela… je t’avais cru sincère, mais… peu importe, tout cela est passé maintenant. »

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Mortel

When the sun goes down

G

anymède hésite, à obéir, car il n'est pas certain d'être capable de lui faire face tout de suite. Ca fait vraiment beaucoup d'un coup, et il se sent faible et prêt à craquer... Il est complètement perdu, fait vraiment inhabituel pour celui qui, pendant les derniers millénaires, n'avait jamais ou presque douté de sa place, ou de son rôle. Il se levait, avec un plan en tête, avec une liste de tâches à accomplir, en sachant très bien ce qui l'attendait. Une routine, une habitude, qui l'avait aidé à faire son petit chemin tranquillement ou presque (il avait aussi du éviter tous les complOts de Héra contre sa personne, nombreux après l'histoire de la constellation. Survivre à la fureur de la reine des Dieux n'était pas une mince affaire, il était lui-même surpris d'avoir réussi... Mais c'était uniquement parce qu'il avait été aidé. Et que Zeus le surprotégeait).

Il fini pourtant par céder, sa dévotion plus forte que tout. Le prince se relève et essuie ses yeux rouges du revers de sa manche. Ce que lui dit Apollon... Il se mordille la lèvre. Ca fait mal. Vraiment. Une culpabilité aigu allait le ronger, maintenant qu'il savait. Il avait causé toute cette douleur, sans le savoir, sans le vouloir... Mais il l'avait. Il était coupable. Il ne sait pas quoi penser.

Ce qu'il sait par contre... C'est que les souvenirs sont pour lui douloureusement frais.

« Cela fait si longtemps, oui, mais... Ces souvenirs pourraient être de la veille. Pour moi. Ils sont si.. Si intenses. » Plus encore que ceux qu'il avait avec Zeus, du mois dernière. Ganymède est vraiment confus. Mais il a bien compris ce que veut dire Apollon... Qu'il appartient au passé. Qu'il ne l'aime plus, tout simplement. Ganymède sait qu'il n'est pas censé se sentir aussi triste... « J'ai failli mais... J'aimerais réparer mon erreur... Qu'est-ce que je peux faire ? » demande-t-il timidement.

« Tu pourrais exiger mon sacrifice, je le ferais, Grand Apollon. » dit-il d'une petite voix en levant furtivement ses yeux vers lui. Il se sent indigne de le regarder, et d'éprouver de l'affection, du regret, du désir.. Ganymède sait que c'est égoïste mais il espère au moins qu'Apollon le tolère suffisamment pour lui accorder la chance de corriger sa misérable faiblesse humaine.

Il se sent si mal...
Et si profondément triste.

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Dieu

When the sun goes down

But I must explain to you how all this mistaken idea of denouncing pleasure and praising pain was born and I will give you a complete account of the system, and expound the actual teachings of the great explorer of the truth, the master-builder of human happiness. No one rejects, dislikes, or avoids pleasure itself, because it is pleasure, but because those who do not know how to pursue pleasure rationally encounter consequences that are extremely painful.

Apollon se montrait sans doute un peu dur, avec Ganymède, mais c’était plus fort que lui. Même si le jeune homme (qui ne l’était qu’en apparence) n’avait rien fait de mal, le dieu aurait voulu qu’il se doute de quelque chose avant que les pouvoirs de Mnémosyne ne s’affaiblissent. Il aurait voulu qu’il ait ces visions de leur passé commun pendant qu’il partageait la couche de Zeus. Si cela avait été le cas, Apollon aurait pu plus facilement pardonner. Il connaissait les talents de Mnémosyne, mais il avait toujours été assez naïf pour croire que l’amour soulevait tous les obstacles. Même si dans son cas, c’est surtout son cœur qu’il avait soulevé, avant de le piétiner, et d’en faire des miettes. Encore, et encore, et encore…

Il vit Ganymède se relever du coin de l’œil. Il préférait ne pas le regarder en face, pas par dédain, ou par mépris. Mais parce qu’il craignait de le regarder, de croiser son regard, maintenant que Ganymède savait tout. Il avait peur de craquer, de toute lui pardonner, tout lui céder. Apollon aimait encore Ganymède. Et son amour n’avait rien perdu de son éclat, de sa profondeur, ou de sa passion. Tout était toujours resté là, en lui, et il avait de son mieux pour ignorer ses sentiments. Il vida d’une traite sa bouteille de bière, pour tenter de se donner contenance, et surtout ne pas rester immobile comme un idiot.

« Cela fait si longtemps, oui, mais... Ces souvenirs pourraient être de la veille. Pour moi. Ils sont si.. Si intenses. J'ai failli mais... J'aimerais réparer mon erreur... Qu'est-ce que je peux faire ? Tu pourrais exiger mon sacrifice, je le ferais, Grand Apollon. »

Ganymède pleurait, et Apollon sentit son cœur se serrer. Ce dernier lui ordonnait de prendre le jeune homme dans ses bras, pour le rassurer, et sécher ses larmes. Mais sa fierté lui sommait de ne rien faire, et de se réjouir de ces larmes, qu’Apollon avait jadis versé pour lui. Le dieu aussi beau soit-il, se sentait perdu, et ne savait quoi faire. Il le fixa finalement, avant de s’approcher de lui. Exiger son sacrifice serait stupide, surtout que Zeus le tuerait probablement. Et Apollon n’avait dans tous les cas, aucune envie que Ganymède meurt. Il glissa ses doigts sous son menton pour relever son visage. Il plongea ses yeux dans les siens, et ressentit une décharge jusqu’au plus profond de son âme.

« Je ne veux pas ta mort. Je ne sais pas, ce que tu peux faire… je n’ai jamais… songé à cette possibilité… »

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Mortel

When the sun goes down

I

l essayait de ne pas pleurer, vraiment. D'être fort, d'être un homme, même si pleurer n'est pas forcément un signe de faiblesse, lui sait ce que ça représente. Il a toujours été trop dépendant des autres, des affections qu'on lui donnait. Apollon... Il avait été le centre de son monde. Son soleil, son univers. Et puis il avait oublié, et c'était Zeus qui était devenu la planète autour de laquelle il tournait. Et maintenant... Les deux étaient entrés en collisions. Aussi dévastateur que la mort d'une étoile. Et Ganymède devait ramasser cette poussière d'étoiles sans plus s'écorcher la peau...

...Le mortel voudrait ne pas pleurer, pour ne pas plus énerver Apollon, ou attirer son mépris... Apollon qui ne voulait même pas le regarder. Ca ne changeait pas beaucoup, sur l'Olympe, c'était pareil. Mais maintenant, il se souvenait alors c'était... moins supportable. Blessant.

Il est immensément surpris, lorsqu'il le touche. Ses doigts sur sa peau sont un peu plus chaud que la normale, même si un peu moins brûlant qu'ils l'avaient été . Son corps se souvient de son toucher, et il frissonne. Ganymède se laisse faire, ses yeux sombres et humides de larmes rencontrant ce maintenant bleus et insondables du dieu. Il déglutit, est incapable de cligner des yeux, envoûté. Et profondément soulagé qu'il n'ait jamais pensé à le tuer pour se venger, comme il l'avait fait avec tant d'autres avant lui... Il n'avait pas mérité une telle bonté. Il l'en admire d'autant plus.

« Je... Tu aurais été dans ton droit... Je mérite toute ta haine et ta rancœur. » C'était tellement triste... La dernière fois qu'ils avaient été dans cette position.. C'était pour un baiser.

Sa voix semble encore baisser d'une octave, comme s'il avait peur de briser cette bulle intime, d'éloigner Apollon. Il est un peu comme un faon devant la flèche d'Artémis sauf que... lui n'échangerait sa place pour rien au monde.

« Je... serais ton humble serviteur... Quoi que ce soit dont tu ais besoin en ce monde étrange, je... te l'obtiendrais. »

Que pouvait-il offrir d'autre ? Son amour ? Il n'en voudrait pas, après tout ça -et ce serait trahir Zeus. Son corps ? Il en voudrait encore moins, après qu'il ait été pris par un autre... Ganymède se sent misérable et brûlant d'un amour jamais éteint, et plus de larmes coulent sur ses jouent pour finir par s'échouer sur les doigts d'Apollon.

Ces souvenirs étaient coupants comme des armes. Ils faisaient mal et savoir la vérité n'allait pas l'aider à mieux dormir, il en était certain.

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Dieu

When the sun goes down

But I must explain to you how all this mistaken idea of denouncing pleasure and praising pain was born and I will give you a complete account of the system, and expound the actual teachings of the great explorer of the truth, the master-builder of human happiness. No one rejects, dislikes, or avoids pleasure itself, because it is pleasure, but because those who do not know how to pursue pleasure rationally encounter consequences that are extremely painful.

La situation semblait totalement irréelle aux yeux d’Apollon. Jamais il n’aurait pensé vivre cet instant, même s’il l’avait espéré. Il avait fini par se convaincre que ce ne serait pas possible. Mais ça ne changeait rien. Pendant des millénaires, Ganymède l’avait regardé avec indifférence. Il avait toujours été respectueux avec lui, mais sans plus. Il ne pardonnerait pas tout, pas comme ça. Pourtant, il n’attendait rien de spécial de Ganymède. Apollon ne savait pas vraiment ce qu’il était censé faire, et il en était perturbé. Même s’il restait calme, et maître de lui-même en apparence, ce n’était pas totalement la vérité.

Néanmoins, il préférait ne pas montrer ses émotions, puisqu’il n’était pas sûr lui-même de ce qu’il ressentait. Ganymède pleurait de plus belle, et Apollon n’aimait pas ça. Il ne savait pas vraiment pourquoi il pleurait, ce qui le rendait si triste, et il ne savait donc pas quoi faire pour le rassurer. Même s’il ne méritait peut-être pas qu’il le console.

Mais le dieu soleil détestait voir ces larmes rouler sur ses joues. Il voulait toutes les embrasser, toutes les lécher afin de les faire disparaître. Lui dire qu’il le protègerait. Qu’il le rendrait heureux, et qu’il n’aurait plus jamais l’occasion de pleurer, mais quelque chose le bloquait, et l’empêchait d’agir ainsi, il ne savait pas quoi, mais il restait là, à l’observer, sans vraiment agir.

« Je... Tu aurais été dans ton droit... Je mérite toute ta haine et ta rancœur. Je... serais ton humble serviteur... Quoi que ce soit dont tu ais besoin en ce monde étrange, je... te l'obtiendrais. »

Apollon essuya doucement ses joues avec ses pouces, chassant ses larmes. Il l’observa quelques instants puis il déposa ses lèvres sur son front, doucement. S’il avait besoin de quelque chose, c’était déjà que Ganymède cesse de pleurer. Ou au moins, lui dise ce qui le mettait dans cet état. Il ne voulait pas le voir malheureux, il le devenait lui-même, et Apollon était bien assez malheureux comme ça, dans sa vie, nul besoin d’en rajouter une couche.

« Je veux que tu arrêtes de pleurer. Je ne sais pas ce qui te rend si triste, mais je n’aime pas voir ces larmes rouler sur tes joues. Je ne te hais pas. Je ne te haïrais jamais, même si j’ai souffert, au fond de moi, je sais que tu n’es pas responsable. C’est la faute de Zeus, et uniquement la sienne. »

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Mortel

When the sun goes down

I

Ganymède frémit lorsque les doigts chauds d'Apollon se mettent à essuyer ses larmes, comme des caresses. Le rouge lui monte aux joues, son cœur s'accélère et un soupir lui échappe lorsque les douces lèvres sculptées du dieu se posent sur son front... La réaction du dieu le rend encore plus confus. Il ne sait pas quoi penser, mais l'effet que le dieu à sur lui est immédiat : sa proximité, la chaleur qu'il dégage, fait se détendre Ganymède qui, sans même s'en rendre compte, se rapproche de lui. Il se sent en sécurité. Il se sent protégé. C'est totalement ridicule mais il croit Apollon quand il lui dit qu'il ne veut pas le tuer. Il a profondément confiance en ce dieu aux humeurs pourtant réputées comme volages et imprévisibles.

Il renifle et prend sur lui pour essayer de donner à Apollon ce qu'il désire, qu'il cesses de pleurer. Lui-même ne sait pas exactement pourquoi il réagit ainsi, c'est une situation vraiment compliqué, et ce trop-plein d'émotions, d'épuisement, de changements... C'est juste trop pour lui.

« Je... Je suis soulagée que tu ne me haïsse pas... » avoue-t-il sincèrement, timidement, en se nourrissant toujours de la proximité du dieu solaire. L'idée qu'il le déteste le terrifiait sincèrement. Tout sauf ça. Il le regarde toujours dans les yeux. « J'ai peur... Je ne sais plus ce que je ressens... Je suis désolé, c'est juste... vraiment beaucoup, d'un coup. » Incapable de s'en empêcher, Ganymède pose ses mains sur celles d'Apollon avec douceur, un peu hésitant, il outrepassait sans doute les limites en faisant ça.

Il ne sait même pas s'il en veut à Zeus. Il n'a aucun droit d'être en colère contre le roi des Dieux, lui, un simple mortel. Il n'oserait pas. Mais en cet instant, Ganymède n'a pas envie de penser à Zeus. Il n'y a qu'Apollon, et le jeune homme culpabilise tellement de la souffrance qu'il a subit... Quoi qu'il en dise, ce n'est pas juste de la faute de Zeus.

« Voilà, je ne pleure plus... » Il sourit faiblement. « Je ne veux plus jamais que tu sois triste, Apollon. Ni à cause de moi, ni de personne d'autre. »

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Dieu

When the sun goes down

But I must explain to you how all this mistaken idea of denouncing pleasure and praising pain was born and I will give you a complete account of the system, and expound the actual teachings of the great explorer of the truth, the master-builder of human happiness. No one rejects, dislikes, or avoids pleasure itself, because it is pleasure, but because those who do not know how to pursue pleasure rationally encounter consequences that are extremely painful.

La situation était irréaliste, en toute honnêteté. Apollon n’aurait jamais cru vivre une telle chose. Jamais il n’aurait pensé que Ganymède retrouverait la mémoire, alors il ne savait pas comment réagir. Il ne s’était en aucun cas à cette situation. Pour le dieu des prophéties, c’était tout de même un comble. Il ne savait pas comme tout cela allait finir, mais ce serait mentir que de dire qu’il était totalement insensible à cette situation. Mais en même temps, il refusait de tout pardonner. Même s’il savait que Ganymède n’était pas responsable, il aurait voulu croire que leur amour était assez fort pour que le mortel puisse résister. Mais ce n’était pas le cas. Il avait tout oublié en quelques secondes, et l’ego du dieu s’en souvenait, et ne risquait pas d’oublier, lui.

Quoiqu’il en soit, cela ne servait pas à grand-chose que Ganymède se torture l’esprit avec tout cela maintenant. Il avait probablement plus urgent à penser. Ils n’étaient pas dans leur monde, et ils ne savaient pas quand la situation serait réglée. Néanmoins, il comprenait que cela le bouleverse, et en un sens, il en était plutôt satisfait.

« Je... Je suis soulagée que tu ne me haïsse pas... J'ai peur... Je ne sais plus ce que je ressens... Je suis désolé, c'est juste... vraiment beaucoup, d'un coup. »

Apollon pouvait comprendre. Mais dans l’immédiat, il n’avait aucune idée de quoi lui dire. Lui-même ne savait pas vraiment ce qu’il ressentait en cet instant. Beaucoup de sentiments se mélangeait dans un maelstrom qu’il ne contrôlait absolument pas. Même s’il tentait de rester le plus impassible possible. Il ne voulait pas montrer son trouble, mais il était bien présent cependant.

« Voilà, je ne pleure plus... Je ne veux plus jamais que tu sois triste, Apollon. Ni à cause de moi, ni de personne d'autre. »

Apollon s’était habitué, au fil des siècles, à avoir l’amour malheureux. Il estimait avoir maintenant suffisamment d’expérience pour ne plus y croire. Certes, il replongeait à chaque fois, parce qu’il ne contrôlait pas son cœur, et ses sentiments, mais une petite voix au fond de lui intimait toujours qu’il allait encore souffrir, qu’il y aurait forcément quelque chose qui ne se passerait pas comme il le voulait, et qui mettrait fin à l’histoire de manière brutale. Ce constat ne lui faisait en aucun cas plaisir, mais c’était la stricte vérité. Il retira doucement ses mains de celles du jeune mortel.

« C’est gentil de ta part, mais tu n’as aucun pouvoir sur cela. Toi ni personne… Tu ferais mieux de te préoccuper de ton cas. Je doute que Zeus te laisse sans surveillance trop longtemps… Tu ferais mieux de ne pas lui dire que tu as recouvrer tes souvenirs. Il risquerait de ne pas apprécier, et ses colères n’épargnent personne. Pas même toi. »

Apollon détourna le regard quelques instants, perdu dans le vide. Il glissa une main dans sa poche, et fut presque surpris quand ses doigts rencontrèrent un un métal froid. Pourtant, il l'avait toujours avec lui, depuis ce jour. Qu'il le porte au cou ou non, il l'avait. Il referma ses doigts autour de la chaîne en or, avant de sortir le pendentif que Ganymède lui avait offert.

« Tu te souviens de ça ? »

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Mortel

When the sun goes down

G

anymède est déçu, lorsque Apollon retire ses mains. Même s'il sait qu'il n'a aucun droit de ressentir ça, aucun droit de vouloir la proximité du dieu Soleil, d'être égoïste...

Il essuie son visage du revers de sa manche, pour se débarrasser de l'humidité sur ses joues il y a eu encore couvertes de larmes. Il n'aime pas entendre ça... Apollon était censé être le dieu le plus lumineux, le plus brûlant, et rien ne devrait pouvoir le blesser... Ganymède déteste l'imaginer triste, ou las... Même si l'individu devant lui ne laisse paraître que peu d'émotions, ses paroles trahissent une douleur plus profonde... Et Ganymède compatis. Véritablement. Il ne ment pas, lorsqu'il pense vouloir partager son fardeau... D'autant plus maintenant qu'il se souvient, de tout. Des sourires d'Apollon, brillant comme le soleil, qui faisaient Ganymède tomber un peu plus amoureux de lui à chaque fois...

Il déglutit, lorsqu'il parle de Zeus, que Ganymède avait pris soin de ne pas chercher. Il faisait profil bas, avec Hélène, il avait besoin de temps. Et il est surpris de ne pas avoir pensé à la réaction de Zeus, s'il apprenait qu'il se souvenait. Il n'avait même pas imaginé qu'il puisse se mettre en colère contre lui et le blesser... Pendant tous ces millénaires, Zeus ne l'avait jamais volontairement blessé, physiquement du moins. Enfin, sauf avec le sexe, mais c'était une autre histoire... Pourtant, Apollon semblait persuader que Ganymède courrait un risque si la vérité se savait...

« Je... Je pense qu'il ignore si je suis arrivé ici ou non... Je me suis fait discret exprès pour qu'il ne me retrouve pas... » Il n'ose pas dire à haute voix qu'il avait volontairement évité le roi des Dieux. Un sursaut de peur le prend. « Ne dis à personne que tu m'as vu, s'il te plaît. Je ne sais pas encore ce que je veux faire... » Voulait-il retrouver Zeus, alors qu'il lui avait mentit, qu'il l'avait trompé ? Il ne savait pas. C'était étourdissant, tout ça, tous ces souvenirs. La seule présence d'Apollon, près de lui. Il n'ose plus le regarder dans les yeux. « Tu penses vraiment qu'il me blesserait ? » Sa voix est pleine d'incertitude. Il ne peut plus faire confiance à Zeus.

Il retourne son attention sur lui à sa question. Ganymède fixe le bijou qui prend dans la main du dieu et écarquille les yeux. Au bout de la chaîne en or massif pend un soleil doré finement ouvragé. Ganymède sait aussitôt qu'au dos du soleil figure son nom et celui d'Apollon, entrelacés. Il l'avait fait graver lui-même, après avoir demandé cette commande au meilleur orfèvre de Troie.

La vision du collier lui donne un flash de souvenirs, qui lui brûlent les rétines et réveillent son mal de crâne. Il se rattrape sur le mur pour ne pas tomber, avec ses jambes soudains flageolantes. De tous petits détails lui ramenaient parfois des souvenirs trop vifs, comme s'il venait de revivre la scène. Comme dans son souvenir, son cœur est gonflé d'amour, il bat à tout rompre, et il se retient de justesse d''embrasser Apollon avec passion.

Tout pâle, il hoche la tête, et le regarde avec intensité. « Tu l'as gardé...? Tout ce temps ? » Il est profondément touché par cette idée.

Et si profondément triste que ça en fait mal.

Ganymède tend la main et caresse du bout des doigts le soleil. « Σε αγαπώ » murmure-t-il en grec, se souvenant des deux autres mots gravés dans l'or auprès de leurs prénoms. Il ne se rend même pas compte qu'il l'a dit à haute voix.

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When the sun goes down

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Apollon avait toujours difficilement guéri de ses peines de cœur. En même temps, tous s’étaient toujours moqués de lui. Ce n’était donc pas simple dans ces conditions. Il n’avait jamais eu quelqu’un à qui en parler. A part Artémis, mais la déesse n’était pas toujours disponible. Souvent occupée avec ses chasseresses. Apollon s’était donc retrouvé seul. Seul avec ses chagrins, et son cœur brisé à de multiples reprises.

Personne n’y pouvait rien. Apollon ne savait pas pourquoi cela lui arrivait à lui plutôt qu’aux autres. Il n’avait pourtant aucun crime qui aurait mérité malédiction. Cela faisait souvent rire les autres. Le plus beau des dieux (n’en déplaise à Eros) qui était sans cesse malheureux dans ses amours. Cela ne faisait cependant pas du tout rire Apollon. Il en souffrait réellement, et il ne savait pas si cela cesserait un jour. S’il avait été mortel, peut-être serait-il mort de chagrin depuis des lustres, il n’en savait rien. Mais c’était parfois difficilement supportable.

Mais avec Ganymède, cela avait encore été autre chose. Un amour encore plus profond que les autres. Une peine plus grande que les autres. Et la proximité constante du jeune échanson avait été d’autant plus difficile à supporter. Apollon avait conscience qu’il s’était toujours montré du envers l’ancien prince, mais comment aurait-il pu faire autrement ? Zeus l’aurait foudroyé pour avoir montré ne serait-ce qu’un sourire à Ganymède. Il savait qu’il l’avait toujours surveillé du coin de l’œil, quand ils avaient été dans la même pièce.

« Je... Je pense qu'il ignore si je suis arrivé ici ou non... Je me suis fait discret exprès pour qu'il ne me retrouve pas... Ne dis à personne que tu m'as vu, s'il te plaît. Je ne sais pas encore ce que je veux faire... Tu penses vraiment qu'il me blesserait ? »

Apollon était un peu surpris, que Ganymède n’ait pas envie de revoir Zeus pour le moment. De ce qu’il lui avait semblé, le jeune éphèbe avait toujours été satisfait de sa condition. Ce qui avait contribué à rendre Apollon encore plus mal. Une partie de lui avait tout de même été soulagée de voir qu’il ne vivait pas mal la situation, mais une autre en avait été davantage blessée.

Quoiqu’il en soit, Apollon ne se voyait pas en parler à qui que ce soit. Il n’avait pas spécialement cherché le reste des olympiens, hormis sa sœur, évidemment. Que serait Apollon sans Artémis ? Enfin bref, en tout cas, il ne dirait rien, Ganymède pouvait s’en rassurer. Mais il était tout de même quelque peu décontenancé. Même si… il était aussi heureux… que Ganymède ne désire pas retourner dans la couche du roi des dieux. Il espérait que Zeus ne réussisse pas à le dénicher, et qu’il le laisse donc tranquille.

Quant au fait qu’il puisse le blesser, oui, Apollon estimait que c’était possible. Il n’avait aucune confiance en son père, et il savait bien qu’il n’avait de considération pour personne si ce n’est pour lui-même. Il se moquait des autres, ou de leur bien-être. Alors il pourrait blesser Ganymède oui, même dans un excès de colère, sans le vouloir vraiment. Il se contenta de hocher la tête, en guise de réponse.

« Tu l'as gardé...? Tout ce temps ? Σε αγαπώ »

Apollon le laissa toucher le médaillon. Il s’en souvenait. Il n’aurait pas parié là-dessus. Même si ses souvenirs lui revenaient en mémoire, de ce qu’il avait compris, tout était un peu confus. Quoiqu’il en soit, cela lui faisait du bien, qu’il s’en souvienne. Le dieu n’aurait définitivement pas pu s’en débarrasser. C’était la seule chose physique qui lui restait de Ganymède, il n’aurait pas pu s’en séparer. Il l’avait toujours gardé avec lui, parce que cela avait toujours été une évidence pour lui.

« Oui… c'est tout ce qu'il me restait de toi... la seule preuve qui confirmait que tout ce qu’il s’était passé entre nous avait réellement existé. Et c’était un cadeau. Je ne suis pas du genre à jeter les cadeaux que l’on me fait. »

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Mortel

When the sun goes down

L

a remarque du dieu fait vraiment réfléchir Ganymède, et lui donne une raison supplémentaire de faire profil bas avec Hélène, pour un temps du moins. Il semble vraiment penser que Zeus pourrait le blesser... C'est déconcertant. Après tous ses millénaires passés à ses côtés, le roi des dieux pourraient-ils le foudroyer ?

Ganymède avait pourtant été si fidèle, si serviable. Il avait tout fait pour que sa présence sur l'Olympe soit acceptée. Tout fait pour ne pas être un poids, surtout pour un dieu comme Apollon qui lui faisait bien ressentir à quel point il l'incommodait... Il y avait toujours eu quelque chose, avec Apollon. Quelque chose qui ne le laissait pas indifférent.

Il est fasciné par la vision du collier qu'il se remémore pendant sur le torse bronzé et musclé du dieu radieux. Maintenant il était plus habillé, et ses yeux avaient perdus leur éclat doré... Le jeune mortel est toujours subjugué par lui.

« Oui… c'est tout ce qu'il me restait de toi... la seule preuve qui confirmait que tout ce qu’il s’était passé entre nous avait réellement existé. Et c’était un cadeau. Je ne suis pas du genre à jeter les cadeaux que l’on me fait. »

Ganymède est profondément ému par les paroles d'Apollon. Elles rouvrent des blessures enfouies, et menacent de faire revenir les larmes. Toute cette souffrance qu'il avait intériorisé... Il se sent si coupable. Inconsciemment, il avait été un fardeau pour le dieu. Il s'avance vers lui et, avec douceur, remet le collier dans la main d'Apollon. Il lui fait refermer ses doigts dessus. Lui, malheureusement, n'avait aucun souvenir physique, aucune preuve matérielle de leur amour. Tout lui avait été arraché avec ses souvenirs. Mais il voulait que le dieu conserve ce lien là...

« C'était réel. C'est réel. Je te le promet. »

Touché, Ganymède se met sur la pointe des pieds et pose un timide baiser sur les lèvres d'Apollon.

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Dieu

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Apollon savait pertinemment que ce qui se passait là, en ce moment, ce n’était pas du tout bon pour lui. Il ne savait pas exactement comment, mais d’une façon ou d’une autre, il finirait par avoir mal. Parce que tout ce qui touchait le social finissait toujours un jour ou l’autre, par lui revenir en pleine figure. Il ne savait pas qui l’avait maudit à ce niveau-là, mais il était certain qu’il y avait une malédiction derrière tous ses malheurs. Ce n’était pas possible d’avoir autant de malchance.

Pourquoi les autres, ses frères, avaient le droit de vivre des histoires d’amour et que lui était comme le vilain petit canard ? Celui qui finissait toujours seul. Il savait qu’il s’attirait la moquerie des autres. Personne ne le soutenait jamais, tout le monde ricanait, sauf Artémis, mais sa jumelle avait toujours été d’un soutient indéfectible. Et il ne la remercierait jamais assez pour tout cela.

Mais il ne devait pas retomber dans le panneau, pas avec Ganymède. Ce serait une mauvaise idée, il savait que ça ne pouvait pas marcher. Zeus se mettrait en travers, il ne laisserait pas partir Ganymède. Et Apollon serait encore l’idiot qui finissait tout seul. Parce que personne ne voulait de lui. Si bien que certains hommes, et certaines femmes se refusaient à lui juste parce qu’ils redoutaient une fin tragique. Quelle réputation…

« C'était réel. C'est réel. Je te le promet. »

Apollon observa la main de Ganymède sur la sienne, et fut surpris de sentir ses lèvres sur les siennes. C’était étrange, comme leur goût n’avait pas changé. Il s’en rappelait encore. Cela faisait si longtemps. C’était à la fois si bon, et si douloureux de le retrouver. Il glissa ses mains sur ses joues et lui rendit son baiser, incapable de le repousser. S’enivrant de lui. Il décolla ensuite ses lèvres des siennes.

« On ne peut pas… tu le sais bien… »

Il l’observa puis l’embrassa à nouveau, la tentation était trop forte.

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Mortel

When the sun goes down

G

anymède était loin d’être du genre à se laisser porter par ses passions. C’était même tout le contraire. Peut-être quand il était plus jeune, sur terre, juste un garçon naïf et amoureux qui décida d’ignorer toutes les histoires dramatiques qui entouraient Apollon, certain qu’il serait l’exception à la règle. Il était beaucoup plus joueur, beaucoup plus libre à l’époque. Et puis, Zeus. La cour des Olympiens, la responsabilité, le devoir. Ganymède faisait tout dans la retenue, en dehors de la couche du roi des dieux. Et ça ne le dérangeait pas vraiment, les habitudes, la redondance de cette immortalité qui n’aurait pas dû l’être sienne. En vérité, il avait perdu le fil du temps, des siècles, des millénaires. Il vivait hors du temps et de l’espace, sur l’Olympe… Heureusement, sinon il aurait pu perdre la tête… Et d’une certaine manière, avoir été privé de ses plus beaux souvenirs, ceux en tant que l’amant d’Apollon, cela l’avait sauvé, aussi.

Non, Ganymède se restreignait et faisait preuve de parcimonie et d’une certaine forme de sagesse qui semblait peu adaptée à son apparence juvénile. C’est qu’il était beaucoup plus âgé et donc, mature, qu’il n’en paraissait.

Mais même lui avait des limites… Comme il l’avait avoué tout haut au dieu couronné de lumière, il était perdu. Il ne savait pas ce qu’il devait faire, mais savait ce qu’il ressentait… Ce qu’il voulait… Prendre la place de celui qui guérissait pour panser ses plaies. Prendre possession de ses lèvres plus charnues que la plus parfaite pomme d’or. Ses murs sont ébranlés par toutes les révélations et les vagues d’émotions, alors Ganymède l’embrasse, contre toute prudence…

…Et contre toute attente, Apollon le lui rend.

C’est tellement familier, comme des retrouvailles. Le baiser, la chaleur et le réconfort qu’il lui procure. Ganymède oublie, le temps d’un instant, tous ses soucis et toutes les raisons pour lesquelles c’est une terrible idée. Même s’il en est l’instigateur… C’est la voix du dieu, qui dit tout haut ce qu’ils pensent tout bas, qui manque de peu de le rappeler à l’ordre… Mais alors il l’embrasse à nouveau et Ganymède ne répond plus de rien. Les baisers qui s’ensuivent sont plus puissants que tous les sorts de Mnemosyne. Il agrippe les épaules du dieu et est vite enivré de son toucher.

Ça aurait pu durer. Longtemps, très longtemps même… Si la porte ne s’était pas ouverte brusquement, avec la voix nasillarde de leur patron retentissant et brisant la bulle dans laquelle ils étaient plongés.

« Alors, Phoebus, Gavril, ça avance ?! »

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Dieu

When the sun goes down

But I must explain to you how all this mistaken idea of denouncing pleasure and praising pain was born and I will give you a complete account of the system, and expound the actual teachings of the great explorer of the truth, the master-builder of human happiness. No one rejects, dislikes, or avoids pleasure itself, because it is pleasure, but because those who do not know how to pursue pleasure rationally encounter consequences that are extremely painful.

Apollon avait du mal à mettre de l’ordre dans ses idées. Beaucoup de sentiments se bousculaient dans son esprit. C’était une situation très inattendue. Durant toutes ces décennies, tous ces siècles, Apollon avait toujours pris soin d’éviter tout contact inutile avec Ganymède, et avait préféré l’ignorer, et faire comme s’il n’existait pas, parce que c’était beaucoup plus simple pour lui. Moins douloureux aussi. Mais là, les choses étaient différentes, même si cela restait toujours très compliqué. Il ne savait pas vraiment pourquoi il avait dit la vérité à Ganymède, ce n’était pas comme si cela allait changer quelque chose mais… au moins, il était comme délivré d’un poids. Tout garder pour lui n’avait pas été facile, et maintenant, Ganymède savait, il pouvait bien faire ce qu’il voulait de cette vérité. Apollon n’avait pas vraiment peur des répercussions de Zeus, parce qu’ils n’étaient pas sur l’Olympe, et que son père n’était plus roi de rien ici.

Le dieu soleil gardait toujours une certaine rancœur envers le mortel. Même s’il ne l’avait pas oublié de son fait, même si son père était derrière tout cela, c’était douloureux, d’être balayé d’un revers de la main. Il n’avait jamais eu de chance en amour, et il ne pensait pas que les choses changeraient un jour, pourtant, il ne s’habituait toujours pas à cette douleur. Il n’aurait sans doute pas dû lui rendre son baiser, et une partie de lui avait eu envie de le repousser, mais elle était bien moins importante que celle qui désirait retrouver son ancien amant.

Il y avait de grandes chances pour qu’Apollon le sente passer, si Zeus avait vent de tout cela, mais que pouvait-il lui faire de pire qu’il ne lui avait déjà fait ? Il avait le sentiment qu’il n’avait plus grand-chose à perdre, et que dans tous les cas, il ne faisait que retrouver ce qui lui avait été arraché. Son père ne lui avait pas demandé la permission de lui prendre Ganymède, il s’était servi sans avoir aucun état d’âme pour son fils, comme il le faisait avec chacun de ses enfants.

« Alors, Phoebus, Gavril, ça avance ?! »

Apollon relâcha Ganymède en entendant la porte s’ouvrir, sans pour autant se sentir pressé, ou désarçonné. Certes, l’interruption avait été un peu brutale, mais il n’avait rien à se reprocher, et encore moins quoique ce soit à justifier devant cet homme qui n’était pas grand-chose de plus qu’un petit mortel véreux désireux d’engorger des profits. Mais Apollon savait bien qu’il n’avait pas son statut de dieu ici, et qu’il ne pouvait pas par conséquent, se montrer trop autoritaire.

« Oui, oui. C’est un début. Retourne donc à ton bureau, tu as probablement de la paperasse à faire. »

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